mardi 9 novembre 2010

Un livre : "Les yeux du Sinaï, paroles du silence"



Sans aucun doute, l'oeil, reflet de l'âme et du coeur, aime regarder l'invisible.
Lorsqu'il est capable de transmettre en images ce qu'exprime l'invisible, alors les images deviennent Paroles. 


Après un séjour commun dans le Sinaï, en marchant et partageant le quotidien de nos amis bédouins, Jérôme Paillon a ressenti avec tant de force que le désert lui apporterait enfin quelques réponses, qu'il a décidé d'y retourner seul pour écouter les paroles du silence.
Paroles de vie, paroles d'espérance, paroles de lumière.




"L'avant-photos" :

Dans le désert du Sinaï, j’ai cessé de croire que j’étais ce que je pensais.
J’ai cessé de réduire mon être à la dimension de mon crâne.
J’ai appris le sentir, à me servir de mes yeux, de mes oreilles, de mon odorat, de mes mains.
J’ai appris à respirer, à laisser entrer…
J’ai accepté d’être ce que j’étais, avec mes défauts et mes peurs.
J’ai cessé de rechercher la perfection qui me condamnait à l’angoisse et à la culpabilité perpétuelle.

J’ai appris à me nourrir des forces qui sont en toute chose, dans le sable, les pierres, le vent, les arbustes, l’eau, l’odeur des bêtes, du feu, du pain…
Mais, j’ai surtout découvert Celui qui était en moi, Celui qui m’avait mis sur cette route.
J’ai vécu quelques temps avec les bédouins, ces hommes illettrés du désert, qui ne se soucient pas de raison.

Ils n’apprennent pas à observer la vie sous le seul éclairage de l’entendement, mais à découvrir les pistes intérieures et à les suivre, aussi loin, aussi haut qu’elles puissent aller.
Ce sont eux et les longues périodes de solitude qui ont créé en moi le désir de faire ces photos du silence, ces photos qui témoignent de la spiritualité du désert et d’hommes qui ont tout, qui sont tout, qui avancent chaque jour, sans d’aucune manière rechercher autre chose que le nécessaire, autre chose que l’essentiel.

Ils savent trop bien qu’en voulant du superflu, quel qu’il soit, quelle qu’en soit la raison, ils construiront leur malheur, ils perdront la vie, cette vie qui les comble chaque jour toujours plus, cette vie qu’ils aiment et qui les aime, car ils restent à son écoute, disponibles pour elle. Cette vie qu’ils connaissent et reconnaissent avec droiture et joie, car c’est avec tous leurs sens, dans leur corps, dans leur esprit, dans leur âme, dans leur cœur que se trouvent la spiritualité juste, la connaissance de l’univers.

Ils participent au maintien de cet équilibre planétaire, de notre planète si malmenée par ceux qui aujourd’hui la violent et la volent.
Ils participent à cet équilibre par la rectitude qu’ils assument dans leurs gestes et pensées, comme règle et devoir vis-à-vis de l’Autre, de la nature, de la vie sous toutes ses formes, c’est-à-dire du Créateur.

Je suis fier de ces hommes qui m’ont instruit, je suis de leur famille.

Ils n’ont besoin ni de livres, ni de maîtres, ils sont la vie ; m’ayant adopté comme leur frère et leur fils, ils m’ont permis d’en toucher quelques parcelles.
Ces parcelles de vie m’ont permis de me mettre à l’écoute de mon cœur.
Mon cœur face à lui-même, mon cœur débarrassé de tous les tiers que sont ses pauvretés : justifications, ego, orgueil, complaisance, culpabilité… 

Je me suis retrouvé dans l’authenticité absolue de ce terrifiant face à face dont l’humilité provoquée était nécessaire pour que me soit révélé le sens de ma vie. Me soit révélé que cette recherche éperdue, cette recherche qui m’obsédait jours et nuits et que je ne pouvais identifier était celle de l’Amour, celle de Celui qui m’habite depuis toujours, Celui qui est mon créateur, mais aussi mon sauveur.

Aujourd’hui, tout mon être est apaisé, car la route qu’il devait prendre lui a été tracée.
Je sais qu’elle sera difficile, parfois insoutenable, mais toujours victorieuse, car au cœur du désert et de la désespérance, se trouvait près du puits, Marie, la Femme de ma vie. C’est elle qui, sans que je le sache, avait guidé mes pas jusqu’au Sinaï. Ensemble, nous avons noué un pacte qui ne permet aucun doute quant à notre victoire, la victoire de l’Amour sur la Mort.
Jérôme Paillon




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